Leur champ d'action est très large (C. trav., art. L. 2312-5 et L. 2312-8) et implique de jouer un rôle de porte-parole des salariés.
Cette mission n’est ni simple ni confortable et elle est de premier ordre.
Les représentants du personnel peuvent faire remonter à l'employeur des réclamations aussi bien individuelles que collectives.
Même si ce n'est pas écrit dans le code du travail, la présentation d'une réclamation individuelle
est soumise à l'accord du salarié, lequel conserve la faculté de présenter seul sa réclamation à l'employeur. En général, on pourrait conseiller à l’élu de demander au salarié de formaliser sa demande par écrit. Cela évite tout problème de compréhension et d'interprétation. C'est aussi une manière de responsabiliser le salarié.
Pour les réclamations collectives
qui peuvent concerner toute l'entreprise, un service, une catégorie de personnel… les élus peuvent s'en emparer et les présenter à l'employeur sans attendre d'être saisis par les salariés.
Les représentants du personnel peuvent-ils faire un tri dans les questions posées par les salariés ?
En principe, dès lors que l'observation, la question, la plainte porte sur l'application de dispositions en vigueur dans l'entreprise et que le salarié souhaite que les membres du CSE communiquent sa question à l'employeur, ils ne peuvent pas l'écarter. Normalement, la réclamation ne peut pas être censurée.
Parfois, l'élu est amené :
- à informer le salarié que la réponse à sa question a déjà été donnée par l'employeur et qu'il n'y a pas lieu de la reposer…
- ou alors que la réponse à sa question se trouve dans son contrat de travail, dans le règlement intérieur de l'entreprise.
- ou que la question doit être posée à un autre interlocuteur dans l’entreprise (à lire, le cas client ). Il est parfois curieux et regrettable d’attendre plusieurs semaines pour remonter une question à l’employeur qui aurait intérêt à être posée directement au bon destinataire dans l’entreprise afin d’être réglée dans les meilleurs délais !
Dans certains cas, le salarié renonce à demander aux membres du CSE de présenter sa réclamation, mais il s’agit ici non pas sur la non-application d'une règle par l'employeur, mais sur la méconnaissance d'une règle par le salarié.
Il est à noter que même s'il n'a pas pour mission de faire le jeu de la direction, l'élu n'est pas là pour tout faire remonter.
Il doit savoir analyser les situations, notamment lorsqu'elles se rapportent à un individu. En d'autres termes, il n'est pas obligé de prendre toutes les réclamations des salariés. Il doit savoir faire la part des choses, laisser tomber les questions secondaires ou celles qui sont liées à des règlements de compte avant de les faire remonter auprès de la direction. Il doit se montrer franc envers les salariés et savoir leur dire que leur position n'a aucune chance d'aboutir, que la question a déjà été posée, etc.
Dans leur mission, les élus devront écouter et communiquer tout en ayant conscience de la difficulté de cette tâche et des limites de leur mandat.
Un représentant du personnel n'est pas là pour rester dans sa tour d'ivoire. Il doit savoir communiquer notamment auprès des salariés. Il doit expliquer son rôle et sa marge de manœuvre, il doit rendre compte de ses actions et faire redescendre les informations importantes, il doit sensibiliser le personnel sur telle ou telle question, etc.
Un représentant du personnel doit accepter de se retrouver en première ligne vis-à-vis des salariés, mais aussi vis-à-vis de l'employeur à l'occasion des réunions plénières du CSE. Il doit s'impliquer dans les débats avec la direction en posant des questions, en expliquant les problématiques, et en faisant des propositions aussi souvent que possible…
Mais un représentant doit aussi avoir conscience de la réalité et des limites du rôle d'un élu du personnel : il est essentiel de comprendre que le CSE n'a qu'un rôle consultatif et que l'employeur reste décisionnaire. Cette réalité peut être source de frustration, voire de sentiment d'inutilité qu'il faudra apprendre à gérer et à surmonter si on veut poursuivre son mandat.
Auteure de l'article : Agnès PRUD’HOMME, formatrice des CE - CSE
Depuis une quinzaine d’années, Agnès forme les élus des comités d’entreprise et maintenant des membres des comités sociaux et économiques. Elle assiste également des élus et président de CSE en réunion (avec l’accord du président et de la majorité des élus) et est habilitée par la DIRECCTE (nouvellement DREETS) pour la formation économique des élus (durée jusqu’à 5 jours).